Déclaration du Président de la FICAM dans le cadre Groupe de travail de l’Assemblée Nationale et du Bundestag sur la Diversité Culturelle en Europe présidée par Pierre Lequiller)
Thierry de SEGONZAC, Président de la FICAM, est intervenu, ce matin, dans le cadre des auditions prévues par le groupe de travail constitué de parlementaires franco-allemands sur la diversité culturelle.
Après avoir rappelé le poids et le rôle significatif des Industries techniques dans la création des œuvres cinématographiques comme audiovisuelles, le Président de la FICAM a souligné l’importance d’une implantation de la filière technique sur les lieux mêmes de production des œuvres. « Il est important de prendre conscience que les industries techniques doivent être proches des producteurs comme les salles de cinéma doivent l’être des spectateurs : la remise en cause par Bruxelles de la territorialisation des dépenses n’est donc pas fondée »
M. de Segonzac s’est attaché à défendre l’exemplarité du mode de financement et de soutien qui permet au cinéma français d’exister fortement puisqu’il est seul, en Europe, à dépasser 50% de part de marché sur ses écrans (dont 10% de films européens), face au cinéma Hollywoodien.
Parmi les sujets à appréhender (sécurisation de la chaîne technique de la création, délocalisations économiques, gestion des mutations technologiques et de la projection numérique…), il y a celui de la construction européenne. Certes, celle-ci est un désir, une opportunité, mais elle peut être aussi une menace; et pour Thierry de SEGONZAC, il y a tout lieu de s’interroger sur la politique menée par la Commission Européenne. En effet, « le contexte culturel est absent de la réflexion de la Commission Européenne ; elle agit sur les réglementations et les soutiens nationaux sans en mesurer toutes les conséquences pour la diversité ».
Le Président de la Fédération a souligné aux députés franco-allemands « son incompréhension face à une Commission européenne engagée dans une désintégration des systèmes de soutien partout en Europe » , et en particulier du système français, pourtant reconnu pour son exemplarité en faveur d’un cinéma diversifié. « Pourquoi ?… pour qui ?… prend-t-elle le risque d’affaiblir le premier cinéma d’Europe et tout l’audiovisuel communautaire. »
Démontrant le caractère atypique de l’économie du marché audiovisuel en Europe, Thierry de SEGONZAC a déclaré que « vouloir lisser, normaliser, uniformiser les soutiens nationaux revient à annihiler l’identité de chacun.
Le système français, par exemple, se double d’un « état d’esprit » bien particulier » comme le démontre l’apport des Industries techniques dans la chaine de la Création (le soutien de la filière en faveur du court métrage et aux œuvres « impécunières » représente, chaque année, près de 12 millions d’euros. « Cette contribution au renouvellement des talents n’est pas étrangère à la pérennité du cinéma français ; elle démontre une fois encore le lien exclusif qui rendent indissociables les Industries techniques et les créateurs »
Répondant à la question d’un parlementaire sur la territorialisation des dépenses de production qu’imposent les aides publiques, le Président de la FICAM s’interrogea, en évoquant les crédits d’impôts et les aides régionales, « comment pourrait-on croire qu’un Etat ou une Région puisse soutenir durablement une mesure couteuse sans s’assurer de sa pertinence économique ? » .
Enfin, Thierry de SEGONZAC fait observer la « contradiction fondamentale entre la doctrine et les objectifs poursuivis par la Commission à l’égard de l’Industrie culturelle, et l’adhésion unanime de la Communauté européenne, le 18 MAI 2006, à la Convention de l’UNESCO sur la protection de la diversité culturelle.
Et citant l’article 3 § 8 et 18 de cette Convention, « Les signataires affirment la nature spécifique et double (culturelle et économique) des biens et services culturels qui ne doivent pas être traités comme ayant exclusivement une valeur commerciale » et dans le même article, § 15 « la liberté des Etats sur leur territoire de créer, de produire, distribuer et diffuser et d’en tirer les profits pour leur propre développement.. »
Puis Thierry de SEGONZAC conclut… « Autant d’éléments qui nous conduisent à demander au Président BAROSO la disqualification des « DG concurrence » et « DG marchés intérieurs » du périmètre des Industries culturelles afin de placer la Commission en conformité avec la « Convention de l’UNESCO » adoptée par la Communauté européenne..
« Sans territorialisation des dépenses de production, il n’y a plus d’aides nationales ou régionales ; sans aides publiques, il n’y a plus de cinéma national ; sans cinémas nationaux, il n’y a plus de cinéma européen. »
Le 4 octobre 2006